NOTES
Hugo résume ici le grand récit que fait Clytemnestre, au début d'Agamemnon, du cheminement du signal qui vient d'arriver à son but et qui annonce la prise de Troie et le retour bientôt d'Agamemnon victorieux; il y intègre une note de Pierron:
« De fanal en fanal, le feu messager a envoyé jusqu'ici la nouvelle. De l'Ida elle passe au promontoire d'Hermès, dans Lemnos; après Lemnos, le mont de Jupiter, l'Athos la reçoit, et le troisième signal s'allume: immense, flamboyant, voyageur qui porte la joie, il franchit d'un bond puissant la croupe des mers, et il vient, comme un soleil, dorer de sa lumière les rochers du Maciste. Là on se hâte, on ne se laisse pas aller à l'oisiveté du sommeil; et bientôt à son tour le fanal du Maciste avertit au loin les gardiens du Messapius, sur les bords de l'Euripe. Ceux-ci ont répondu; ils ont fait avancer la nouvelle en allumant un immense amas de bruyères sèches: clarté forte et soutenue, qui franchit les plaines de l'Asopus, pareille à la lune étincelante, et qui, jusqu'au faîte du Cithéron, continue la succession des flammes messagères. La garde du mont n'a point refusé de propager la nouvelle: là, un feu brillant s'est allumé, plus grand même que les autres, et dont la lueur a percé par delà les marais de Gorgopis, jusqu'au mont Égiplancte, où d'autres gardiens s'empressèrent d'accomplir l'ordre donné. Ils font jaillir un vaste tourbillon de flamme: l'horizon, à cette lueur intarissable, s'embrase jusqu'au delà du promontoire qui domine le golfe Saronique [Note: « On ne sait pas de quel promontoire Eschyle veut ici parler: c'est probablement le Spiréum, lequel se trouve à peu près dans la direction de Megare à Argos.»]; et le signal arrive, rayonnant encore, au mont Arachné, à ce poste voisin d'Argos. C'est de là qu'on a transmis au palais des Atrides cette lumière. dont le feu de l'Ida fut l'aïeul le plus éloigné. Tels étaient les fanaux que j'avais fait disposer, et qui se sont relevés les uns les autres; mais les vainqueurs de la course, c'est le premier qui donna le signal et le dernier qui le reçut. Voilà les sûres nouvelles que mon époux m'a envoyées de Troie.» (Pierron, ouvrage cité, p. 171-173.)